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juste crevé et je vais aller me coucher, et maintenant tu me lâches ! Le millefeuille est en miette, la crème pâtissière coule doucement sur le sol de la voiture mais ça n’empêche pas l’intervention d’un ultime personnage. Qui est-il ? L’angelot ? Lespalettes jeune ? Lespalettes aujourd’hui ? Pourquoi pas son psychanalyste ou plus sérieusement sa conscience ? Peut-être juste son instinct de survie :
— Tu ne comprends pas ? Tu ne vois pas ce qui se joue en cet instant ? Tu ne perçois pas comme une évidence que si tu rentres chez toi directement sans passer par Boucard, tu te coucheras ce soir en te dépréciant encore un peu plus avec la conséquence naturelle que demain tu auras encore un peu moins envie de bien faire les choses ? Alors que si là, tout de suite, tu trouves en toi un restant d’orgueil, de courage, d’énergie, d’énergie du désespoir peut-être pour foncer au château du suspect, tu ne rentreras probablement pas chez toi heureux et guéri, personne ici n’a plus l’âge d’être à ce point naïf, peut-être pas même le jeune homme que tu fus, mais d’évidence seuls ce triomphe sur toi-même, sur l’apathie qui peu à peu te ronge tout autant que ce sentiment du travail bien fait et son naturel corolaire, l’estime de soi, peuvent enrayer ce cercle vicieux dans lequel tu as parfaitement conscience de croupir et, qui sait ?, en enclencher un autre, magnifiquement plus vertueux. Pense au Démon de la perversité de Poe, pense à Didier Wampas, « Si j’ai la force de faire les choses auxquelles je crois vraiment, même les étoiles à mes côtés se battront jusqu’au bout mais si je suis lâche et paresseux, j’aurais beau crier et m’agiter, si je suis lâche et paresseux, personne ne pourra rien pour
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