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— Oh là là ! Ah ça oui, commandant ! Elle était toute la journée le nez dans ses fichus bouquins ! Même qu’il fallait la traîner dehors pour faire quelque chose d’un peu intéressant, pour sortir en boîte, aller voir un bon film ou, tenez !, simplement pour faire les magasins, alors que tout de même, une jeune fille, surtout dans nos métiers, ça se doit de faire attention à suivre un peu la mode !, et ben, même pour ça c’était la croix et la bannière pour qu’elle se sorte le nez de sa bibliothèque ! Et puis, je ne sais pas si vous avez regardé ce qu’elle lisait, mais, pfff !, que des trucs chiants !, et interminables avec ça !, je ne comprends vraiment pas ce qu’elle pouvait trouver là-dedans… Un bon bouquin d’amour ou d’aventure à l’occasion l’été sur la plage, je dis pas, mais toute l’année comme si elle était encore à l’école et qu’on l’obligeait…, c’était à ne rien y comprendre ! Je n’ai pas raison, commandant ? (Il répond – ou plutôt ne répond pas – encore et toujours, prudent, par une moue sibylline.) Et puis, c’était fatal, tout ça a fini par lui monter à la tête ! Ses aventures de princes et de princesses, ses histoires d’amour, tous ces bouquins remplis de grands sentiments, de grands idéaux, de grandes destinées, de grandes conneries, oui !, comme si ça avait quelque chose à voir avec la vraie vie… Pas étonnant qu’elle ait fini par jouer à la grande dame en se prenant pour une autre… Comme si, pardonnez-moi l’expression monsieur le commandant, on n’avait pas tous un trou au derrière !, comme si depuis la nuit des temps ce n’était pas les choses simples et éternelles qui étaient les bonnes et que, livres ou pas livres, une jeune fille, ce dont elle a avant tout besoin, c’est de trouver un homme qui prenne soin d’elle et tout le reste, c’est du
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