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prix à cacher, mettre à jour les lumières et les ombres de son existence et dévoiler absolument ses passions, et celles de ceux qui l’aimaient, et celles de ceux qui ne l’aimaient pas bien sûr, car ce sont les passions qui mènent au crime – définitivement ce soir, il est écrit qu’il se doit d’enchainer les clichés.
Lespalettes se répète alors comme trop souvent depuis quelques années qu’il vieillit mal, terriblement, qu’après s’être moqué de Paulo Coelho, il tombe bien vite lui aussi dans le sentencieux, que plus jeune, sa légitime empathie pour la victime n’aurait jamais servi de prétexte pour faire tourner en rond une casuistique bien inutile mais qu’il aurait trouvé en elle le moteur d’une énergie implacable afin de résoudre cette affaire au plus vite. Et ça ne lui plaît pas, ça, de ne plus être ce jeune homme déterminé, et de n’être pas même un vieux sage serein, le cliché, toujours, du papy qui, assis sur son banc, regarde de loin et en souriant, pas même amer, le monde qui s’agite sous ses yeux, un papy qui serait aussi fatigué que lui, certes, mais qui lui, au moins, n’en aurait vraiment rien à foutre de tout. Et puis, comme il sera dit qu’une fois encore ce soir sa casuistique ne se laissera pas bâillonner aussi vite et aussi simplement qu’il le souhaiterait – ou qu’il prétend le souhaiter du moins –, il repart désespérément en boucle pour un tour, se reproche de s’enferrer dans une infinie complaisance envers lui-même et s’exhorte à (la formulation est vulgaire, certes, mais il est convaincu qu’elle ne l’est pas plus que sa réalité) se filer ce bon coup de pied au cul qui seul pourrait le tirer de ses inutiles réflexions, mais le coup de pied au cul n’arrive pas et il repart pour un tour, il ajoute inlassablement pour lui-même que ses collègues doivent le prendre
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