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— (Il répond d’une moue qui veut tout et ne rien dire) Poursuivez Lauranne, elle est donc passée au Vicomte en juillet de l’an dernier, et ?…
— Ben, on s’est tout de suite très très bien entendues. On s’est kiffées, quoi ! Comme deux sœurs. Deux sœurs de malheur en quelque sorte, parce qu’elle et moi, on en a connu des choses difficiles, ah ça oui ! On est parties toutes les deux à Ramatuelle pour le mois d’août, mon père y a une grande maison là-bas au-dessus de Saint-Tropez (indéfiniment le même diptyque : fierté à présent et douleur emphatique quelques instants plus tôt) et, en rentrant à Bourges, ni une ni deux, hop !, elle a quitté son boulot et son mec – elle s’ennuyait tellement la pauvre chérie ! –, elle est venue travailler avec moi au Vicomte et on a pris cette colocation dans la foulée. Oh ! Si vous saviez comme on était heureuses ensemble ! C’est trop horrible, trop horrible ce qui lui est arrivé (elle part alors dans un immense sanglot, bouh !, ouin !, inlassablement joué de façon ridiculement excessive).
Pendant qu’ils discutent ainsi, elle lui fait la visite de cet agréable appartement bourgeois avec un parquet qui semble de chêne dans toutes les pièces. Une centaine de mètres carrés à la louche, double exposition (façade et cour intérieure), triple même puisque, dernier étage oblige, les vasistas sont nombreux. Côté rue, un très grand living avec un balcon et, sur l’arrière, un couloir qui relie une cuisine, une salle de bains toutes deux fonctionnelles et un chiotte qu’elle ose à peine ouvrir, confuse devant cette exposition outrageusement impudique de son intimité à un inconnu. Encadrant le salon, deux chambres (elle précise au moment de pénétrer dans la sienne « Oh !
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